La pérennité des Systèmes d’Information Géographique (SIG) publics demeure un enjeu central mais souvent négligé, particulièrement dans les petites collectivités exposées à l’obsolescence des outils, au turnover des équipes et à la fragmentation des savoirs. En réponse à un projet SIG abandonné, ce mémoire interroge les conditions organisationnelles et techniques permettant d’assurer la continuité, l’évolution et la réappropriation des projets SIG malgré les mutations (réformes, changements d’équipe, évolutions technologiques). S’appuyant sur une méthodologie mixte (enquête internationale par questionnaire auprès de professionnels de la géomatique, entretiens ciblés et retour réflexif sur la refonte d’un cas d’école) l’analyse croise observations de terrain, littérature scientifique et retours d’expérience. Quatre hypothèses structurent la réflexion : la résilience des SIG dépend de la combinaison de méthodes et outils adaptés au contexte, l’adoption de standards ouverts et modulaires favorise la durabilité, une gouvernance partagée et formalisée dès le départ limite les dépendance et l’analyse rétrospective des projets en succès et en échecs révèle des leviers transposables aux SIG.
Les résultats montrent que la pérennisation des SIG exige des dispositifs hybrides (documentation vivante, capitalisation active des savoirs, formation continue, maintenance valorisée), et non la simple application de bonnes pratiques issues de l’informatique générale ou du secteur privé. Le mémoire souligne l’importance d’une gouvernance claire, de la formalisation des rôles, et d’une gestion contextualisée du turnover et de la maintenance, pour dépasser le “présentisme” managérial et institutionnaliser la mémoire organisationnelle. Ce travail propose des recommandations concrètes pour renforcer la robustesse des projets SIG publics, en adaptant les méthodes de gestion aux spécificités du secteur, tout en ouvrant des perspectives pour une transférabilité à d’autres contextes.